Ego en société : Pourquoi faut-il que ça brille ?
- décembre 16, 2019
- by
- Pauline
QU’ON LE VEUILLE OU NON,
qu’on l’assume parfaitement ou pas, tout ce qui brille nous attire : les pages satinées d’un magazine, les paillettes, l’or, l’éclat du diamant ou d’un gloss… C’est presque instinctif !
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À tel point que des chercheurs américains de l’Université de Houston se sont penchés sur la question, avec des résultats plutôt inattendus. Publiés dans le Journal of Consumer Psychology, ils révèlent que cette attirance est un instinct renvoyant… à notre besoin d’eau ! Leur postulat d’analyse était le suivant : si nous sommes tous fascinés par les choses brillantes, c’est que nous les associons avec la richesse et le luxe, mais alors pourquoi les enfants vont-ils, eux aussi, vers les choses qui brillent ? Et pourquoi sont-ils hypnotisés par l’eau et ses reflets ? Les chercheurs ont alors émis l’hypothèse suivante : il se cache peut-être derrière notre
goût pour le brillant et l’eau, une raison tenant à l’évolution.
Issues d’une batterie de tests et d’études, leurs conclusions sont formelles : notre instinct naturel joue un rôle majeur dans notre penchant pour le brillant.
Aux commandes de ses travaux, la professeure Vanessa Patrick en retire une conclusion presque poétique : « N’est-il pas humble de reconnaître que malgré notre sophistication et notre progrès en tant qu’espèce, nous sommes toujours attirés par les choses qui servent à nos besoins innés, dans ce cas, le besoin d’eau ».
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DE LÀ À PENSER QU’OSER ÊTRE BRILLANT EST UNE ATTITUDE FINALEMENT TOUT À FAIT POSITIVE POUR LA SOCIÉTÉ, CHRISTINE LEWICKI ASSUME.
Ses arguments sont bien rôdés et largement détaillés dans son ouvrage « Wake up, 4 principes fondamentaux pour arrêter de vivre sa vie à moitié endormi ».
Cette coach, conférencière et auteure développe la thèse suivante : « le culte de la modestie peut faire perdre la connexion avec les richesses que l’on porte ». Son dada, c’est la brillance teintée d’humilité. Pour elle, « oser être brillant, c’est laisser émerger ses talents et s’engager à les partager avec le monde. C’est donner le meilleur de soi-même. C’est choisir le rôle que nous avons envie de jouer dans notre vie et la société ». Christine Lewicki assure que vivre en conformité avec ce que les autres attendent de nous est parfois un risque.
Elle revendique un droit individuel à briller « en toute humilité », ce qui est finalement plutôt rafraîchissant et encourageant.
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Mais, la posture qu’elle revendique est tout à fait étrangère à ce que d’aucuns appellent la « tyrannie du paraître » sévissant sur les réseaux sociaux. Dans un entretien à Doctissimo, le psychanalyste Gérard Bonnet s’alarme. Cette nécessité d’être en permanence sous la lumière via Facebook, Instagram ou les émissions de téléréalité pour exister lui semble dangereuse, car très liée au contexte vécu par chacun dans son enfance. « Le besoin du regard de l’autre vient de la petite enfance, dit-il. Grâce au regard bienveillant de ses parents, il est possible de se construire une image intérieure positive. Mais le poids des apparences est devenu une charge pesante, dont on méconnaît la réelle étendue des dommages ».
En Belgique, la marque de beauté Dove vient, par exemple, de publier une enquête sur la confiance en soi des jeunes belges âgés de 8 à 15 ans, où il apparaît que 49 % d’entre elles désirent changer un aspect de leur apparence. Une sur quatre se sent obligée d’apparaître sous son meilleur jour lorsqu’elle poste une photo ou une vidéo. 30 % utilisent des filtres ou des effets pour embellir leurs photos.
36 % se préparent spécialement pour la photo et 23 % affichent leur vie de manière plus amusante que ce qu’elle n’est en réalité. Bref, la pression exercée par les médias sociaux est énorme. « Plus généralement, souligne Gérard Bonnet, les personnes qui sont persuadées de ne pas répondre aux critères en vigueur décrochent du mode relationnel, tant l’effort que ça leur demande est grand. Elles vivent une profonde solitude avec le sentiment que personne ne s’intéresse à elles ». Que faire pour s’en sortir ? Tout simplement prendre conscience de l’ampleur du phénomène et peut-être aussi se regarder avec davantage de bienveillance et une bonne dose d’humour. « Nous avons tous besoin de nous sentir unique, conclut le psychanalyste, mais non de souscrire à un stéréotype, à un modèle formaté ».
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UNE AUTRE SOLUTION, BEAUCOUP MOINS INTROSPECTIVE, MAIS TOUJOURS EN LIEN AVEC L’EXPOSITION À LA LUMIÈRE, EST DE LAISSER FAIRE CETTE DERNIÈRE.
On ne compte plus les études décryptant l’existence d’un lien intime entre lumière, santé, bien-être et confiance en soi. Difficile de s’y retrouver, mais sachez que nous sommes tous synchronisés avec la période de révolution de la Terre sur elle-même et autour du soleil, c’est ce que l’on appelle les cycles circadiens : du latin circa qui signifie autour, associé à dies, le jour. Quand la lumière pénètre l’organisme via les photorécepteurs de l’œil, elle règle le système circadien et nous aide à produire des hormones. Par exemple le cortisol, qui joue sur l’humeur et influence de manière importante notre bien-être. À l’inverse, lorsque les yeux perçoivent l’obscurité, le cerveau se met à fabriquer des hormones nocturnes, telle la mélatonine, qui favorise le sommeil. Il est ainsi parfaitement établi que le blues de l’hiver (décrit par une personne sur cinq en France) est principalement dû à un manque de lumière.
D’où le développement de la luminothérapie, dont le principe est d’exposer l’organisme à une lampe spécialement étudiée pour offrir un maximum de lumière. De nombreux hôpitaux proposent des séances à leurs patients, avec une efficacité avérée. À raison d’une demi-heure par jour, assis à quelques centimètres de la lampe, la dépression disparaît en moins de 15 jours ! Mieux, une cure de lumière à l’automne chasserait les coups de blues avant qu’ils ne viennent noircir nos pensées. Le must en la matière ? Se faire réveiller par une lueur d’intensité progressive grâce à un radio-réveil lumineux. Il paraît que le tester, c’est l’adopter !
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Par Nancy Furer
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